Aujourd’hui, on va s’imaginer une conversation entre un chrétien, que nous appellerons Blaise, et la Natalia d’il y a 2 ans (j'ai son autorisation de la pourrir un peu pour les besoins de la démonstration).
T'es prêt ?
Ok, on y va !
Blaise, après un échange avec Nataliadya2ans, réalise un truc. Comme elle se dit chrétienne (elle croit en Dieu mais ne sait pas trop quoi faire de cette info), il ne se méfie pas et balance du vocabulaire spécifique d’un coup, sans prévenir :
- Mais Natalia, t’as besoin de délivrance !
L’intéressée lève un sourcil.
- De délivrance ? répète-t-elle, comme s’il avait utilisé un mot que personne ne prononce jamais, genre zymosimètre ou coccolithophoridé.
- Oui, pour te débarrasser de tes craintes, tes colères, tes angoisses, tout ça. Tu serais beaucoup plus libre !
Hermétique à la bienveillance d’un Blaise souriant de tout son cœur, Nataliadya2ans répond du tac au tac :
- Déjà : crainte et angoisse c’est la même chose en pareil. Ensuite, je vois pas pourquoi tu dis que j’ai besoin de délivrance. Ça veut dire quoi exactement : que je suis tellement barrée que ça doit être dû à un démon ?
Blaise se retient de répondre "non, à ce stade y’en a clairement plusieurs", et opte pour la sagesse :
- Si le mot démon t’embête, tu peux dire esprit, pensées qui te soulent, machin qui t’oppresse, ou ce que tu veux. Mais l’idée c’est justement que t’es pas complètement barrée, puisque ça fait pas partie de toi : tu peux t’en débarrasser de tout ça !
- En gros si y’a un truc qui t’embête chez moi tu décides que ça fait pas partie de moi ! Genre t’as ton standard de chrétien parfait, et j’ai pas le niveau.
Blaise soupire. Bon, pas de pression : c’est pas lui le sauveur.
- Natalia, regarde les choses en face : tu peux pas faire un cours sans conclure que t’es une merde. Pour une prof c’est quand même ballot non ?
- Je crois que le problème c’est les profs qui se remettent pas en question et qui écrasent leurs élèves pour avoir la paix.
Bim, un point pour la fausse humilité. C’est vraiment une championne de la vicieuserie internationale celle-là.
- Tu peux pas faire un trajet en voiture sans être tellement flippée que tu transpires chaque milli goûte de liquide contenu par ton corps. Tu pourrais aimer conduire, tu sais !
- Dis pas n’importe quoi : j’aime conduire.
- Oui, quand y’a pas d’autres voitures, ni de cyclistes, ni de piétons, que la route est sèche, qu’il fait beau sans que t’aies le soleil dans l’œil, que c’est pas une petite route de montagne ni une autoroute trop monotone… je continue la liste ?
- Je suis juste pas complètement inconsciente sur la route, désolée de pas être débile !
Oh, la peur qui se planque derrière un masque de sagesse. Le classique ! Y’a vraiment des gens qui tombent encore là-dedans ? Blaise se reprend. Il a beau connaître les bases, il n’est pas à l’abri. Il ne devrait pas juger. Mais bon, là, quand même ! C’est limite une caricature de la mauvaise foi.
- Tu te souviens de la dernière fois que t’as bien dormi ?
Elle lui lance un regard genre : "insiste, et tu t’en prends une". Visiblement, un sujet sensible. Blaise suppose qu’en plus d’avoir un sommeil tout pourri, elle doit être oppressée par des angoisses bien denses la nuit.
- Si tu manges une heure plus tard que d’habitude, tu crois que tu vas mourir de faim et ça te travaille une semaine avant.
- Oui, je suis pas pareil que toi. T’as du gras, moi non. On a pas le même métabolisme. Ça s’appelle la biodiversité. Après si la différence ça te pose un problème, va habiter au Groenland, t’ira prêcher la délivrance aux ours polaires pendant qu’il en reste quelques-uns. Tu veux me sortir aussi que j’ai facilement froid ? Même réponse. Essaye de perdre un peu ton gras du bide, et on en reparle.
Blaise n’est pas préoccupé par l’insulte de Nataliadya2ans. Il voit ici cette belle tolérance sociétale qui t’apprend qu’il n’y a plus de problème, juste des différences. Genre t’es écrasé d’oppressions, paralysé par la peur, enchaîné par la honte, terrifié à l’idée même d’être vrai avec qui que ce soit, incapable d’aimer ou d’être aimé, mais c’est normal : c’est ton caractère, c’est ta couleur, c’est toi.
Non mais que dalle !
D’ailleurs, ça lui fait penser à un autre sujet. C’est un peu joueur, mais il se lance :
- Tu crois que c’est une bonne idée de draguer une femme.
Là, une flamme de rage passe dans les yeux de Nataliadya2ans. Elle a envie de brûler sa maison avec lui dedans.
- Et toi tu t’es trompé de siècle. Si Dieu voulait que je sois hétéro, il pouvait se débrouiller pour que je m’emballe que sur des mecs non ? Ça fait quelques temps qu’on a réalisé qu’il fallait arrêter de jeter des cailloux sur les gens pas hétéros tu sais.
Tant qu’elle est énervée, autant aller au bout :
- Je ne crois pas t’avoir jeté de caillou, mais si tu penses qu’il faut toujours être d’accord avec ce que dit la société, tu aurais pu être nazie en naissant en Allemagne au bon moment !
Un blanc suit cette déclaration. Blaise n’a pas été jusqu’au bout de son raisonnement. Il aurait aimé ajouter quelque chose comme "Peut-être qu’au lieu de décider de ce qui est bon pour toi, tu pourrais demander au Dieu de l’univers qui est un tout petit peu au courant.". Mais quand t’as un visage en face qui a l’air de vouloir t’égorger, ça calme un peu quand même.
Finalement, Nataliadya2ans répond :
- Et ma claque dans ta gueule, tu la veux tout de suite, où à emporter ?
Blaise se retient de sourire : elle réagit sur ce qui l’énerve, mais une conviction tombe sur son cœur : il sait qu’elle l’a entendu. Du coup, il ne se laisse pas démonter :
- C’est normal d’avoir peur du changement. On a souvent besoin que les choses empirent pour accepter de sortir de nos situations.
Le chrétien se retient de donner des exemples Bibliques avec les juifs et l’Égypte : son interlocutrice n’est pas du tout réceptive à ce genre d’argument. Il continue donc direct :
- En tout cas souviens-toi : la colère, l’angoisse et la peur ne font pas partie de toi. Le jour où tu veux que ça dégage, fais-moi signe, on en parlera ensemble à Jésus. Maintenant, si t’es libre, heureuse et en paix, c’est sûr que t’as pas besoin de ça.
Natalia d’aujourd’hui : impératrice libre, heureuse et en paix.
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