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Photo du rédacteurNatalia

Permaculture

Dernière mise à jour : 10 avr.

Ayest, c’est le printemps ! J’ai démarré mon jardin, et mes plans de petits pois font déjà plusieurs millimètres de haut. Ils sont tout mignons avec leurs petites feuilles !!



Papillon citron
Le citron, petit papillon du printemps

Ça fait pas pareil


T’as remarqué comment certains jardins sont nickels ? Pas un pet de travers, pas une herbe qui dépasse, rien. Comment ils font les gens ? Ils veillent avec le lance-flammes 🔥 nuit et jour, et crament tout dès qu’une mauvaise herbe pointe le bout de sa feuille ?


Pour moi, ça fait pas pareil. J’ai appris à jardiner de manière classique : tu commences par désherber, déjà ça prend la vie des rats. Après faut retourner la terre (je fais un mètre carré à la bêche, après je suis crevée alors ça me prend tout le printemps de faire ça – et à la fin j’ai les bras de Hulk en moins vert). Une fois que t’as fait ça, tu crois que c’est bon, mais non !


Faut encore veiller sur chaque truc que t’as planté, faire la chasse aux gastéropodes 🐌, tabasser un campagnol 🐀, désherber, arroser pasque c’est la sécheresse ☀️, re désherber du coup pasque ton eau a bien fait pousser l’herbe, courir après un campagnol avec la pelle, encore arroser, réaliser que les campagnols ont fait 15 gosses 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀 🐀, commencer à sérieusement en avoir marre 😤, constater avec horreur que t’as pas assez désherbé et que ton jardin ressemble à une forêt vierge pas encore rasée 😱, rentrer dégoûté et décider d’aller acheter tes légumes au super marché.


Bref, chez moi, ça fait pas pareil du tout que ces beaux jardins nickels que tu vois parfois. Si t’en as un chez toi, ne me le dis pas, ça va m’énerver.


Quel rapport ?


Tu vas me dire : "Mais Natalia, on s’en tamponne puissamment l’oreille avec une babouche de ton jardin". Bouge pas, j’y arrive.


Y’a quelques années, j’apprends que t’es pas obligé de galérer autant avec le jardin. Tu peux faire de la permaculture. Si t’es chrétien, tu connais probablement le verset "ni par la puissance, ni par la force, pasque t’es pas là pour galérer, mais par mon esprit" (Natalia Translation). Alors voilà : je trouve que la permaculture est une métaphore top nickel de ce verset !


Je t’explique : d’abord le "perma" de permaculture, signifie permanent au sens "durable". Déjà ça veut dire que tu n’épuises pas tes ressources (la terre, tes muscles, ton énergie, ton temps, ton courage). Pas mal non ?


Alors comment on fait ça ?


La permaculture et la permavie spirituelle


Tout d’abord, sois bien conscient que je te parle de jardin juste pour la métaphore alors tu fais bien ton jardin comme tu veux. Si tu fais 500 hectares de monoculture, si tu motocultes tous les ans en mixant les vers de terre, si tu recouvres ton jardin de Roundup pour achever les quelques vers de terre qui auraient survécu, ça te regarde. On va pas faire les légalistes du jardin (par contre si tu plantes des brocolis 🥦 ça va mal se passer entre nous) !


En perma, donc, déjà tu ne retournes pas la terre. Les psychopathes de l’écologie vont t’expliquer que la microfaune du sol vit très mal ce chamboulement annuel et que c’est inadmissible. C'est pas faux, mais une autre raison, c’est que c’est juste plus simple ! En fait ça te demande moins d’énergie (sauf si t’as un motoculteur) et c’est mieux pour ton jardin. C’est tout.


Tu vois le verset "Car mon joug est doux, et mon fardeau léger" ? Bah si tu passes tout ton printemps à retourner la terre avec tes petits bras (ou tes gros bras, selon), c’est pas doux et léger !


Tu veux désherber avant de semer ? Laisse donc traîner un carton quelques semaines sur ton herbe, ça va la calmer sans effort. Bim, doux et léger.

Tu veux que ça reste désherbé magiquement ? Recouvre le sol ! Paille, broyat, feuilles mortes, brocolis, fais-toi plaisir ! Et en plus ça garde l’humidité alors t’auras moins besoin d’arroser, et ça limite l’érosion. Bim, encore doux et léger.


Et les campagnols, les limaces, les chenilles et autres gloutons des jardins ? Alors en perma y’a des techniques de favorisation de la biodiversité pour que ces trucs-là aient un max de prédateurs dans le coin. Mais franchement, ça fait pas tout. Alors si tu veux pas te battre, apprends à lâcher prise.


T’as mis un splendide plan de pâtisson pasque tu trouves ça trop beau comme légume ? Ben y’a un campagnol qui est passé et qui a boulotté la racine sans ménagement. C’est terrible, c'est affreux. Mais t’as encore tes patates, tes panais, tes fraises, tes petits pois, tes haricots, tes oignons, tes carottes, tes tomates, tes courgettes, tes aubergines, tes butternuts, tes topinambours, tes salades (enfin il reste une petite moitié pasque les campagnols les ont trouvés assez vite). Tu vas focaliser sur ce que t’as 🍅🍆🥬🥒🌶🌽🥕🧄🧅🥔, ou sur ce que t’as pas ?



Chou mangé par des limaces
Chou après passage de gastéropodes sans gêne

Fais ton choix


Tu peux aussi te battre pour ton pâtisson, et ne plus avoir l’énergie pour arroser correctement tes salades et tes tomates qui dépérissent, ou simplement être tellement dans la rentabilité que tu n’apprécies même plus ces extraordinaires moments passés au jardin. Tu ne remarques pas le vol léger du citron (c’est un papillon jaune) au sortir de l’hiver. Tu ne vois pas les rouge queues qui virevoltent dans les buissons. Tu oublies de lever les yeux vers l’immensité du ciel, vers la beauté des nuages, vers la douceur qui t’entoure. Tu transformes quelque chose d’extraordinaire en banale activité de production. Quelle tristesse !


Et tu peux faire pareil en voulant appliquer la permaculture : tu peux te mettre la pression pour tout faire parfaitement, étudier toutes les associations de plantes et passer des heures à faire un plan de jardin pour que tes carottes se retrouvent à côté des oignons, mettre tous les nichoirs possibles et imaginables (après les avoir construits à la main sans outil électrique), lire 8 bouquins pour savoir si c’est mieux de mettre du broyat de hêtre ou du broyat mélangé (le mieux en fait c'est celui que t'as sous la main), soûler tout le monde avec tes connaissances, passer trois mois à faire des buttes de cultures pasque c’est mieux (et pas pasque t’as envie d’essayer), oublier complètement le principe de base qui est de respecter l’environnement, oui, mais aussi de ne pas péter une durite.


Bon, pour la métaphore, avec la Bible ce qu’on oublie assez facilement c’est l’amour et la relation avec Jésus quand on veut tout bien faire comme c’est marqué.


La perma, c’est tout un apprentissage, mais je kiffe : je récolte de plus en plus de belles choses, même si certains trucs que j’aurais bien gardés disparaissent.


Adieu, plan de pâtisson auquel je tenais tant ! Je suis sûre que mon jardin me donnera des légumes encore plus chouettes que les pâtissons.



Cueillette de morilles, ail des ours, pissenlit et fleurs des bois
Et je récolte aussi des trucs que j'ai pas plantés du tout !

Natalia, impératrice des pâtissons inutiles


PS - Bon, là je viens de mettre des pièges à campagnols. C’est pas du tout permaculture, mais au bout d’un moment s’ils font 15 gosses toutes les 5 minutes ça va devenir compliqué. Et comme je suis pas légaliste de la perma, je suis libre de faire n’importe quoi de temps en temps.

PS2 – Les pâtissons ça n’a aucun intérêt gustatif (oui, je juge les légumes, c'est pas nouveau), mais qu’est-ce que c’est joli ! Ne néglige pas l’importance de la beauté, ça apaise le cœur.

Merci à Papillon (rien à voir avec le citron ce coup-ci) pour la relecture !


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