Quand le réel t’agresse
Quand chaque instant de la vie n’est qu’une blessure de plus, quand les relations sociales semblent réservées aux autres, quand la sensation de sécurité te glisse entre les doigts, quand le réel t’agresse, que faire ?
J’ai trouvé une solution dès mon plus jeune âge.
Imagine un monde où tu ne te fais pas écraser par les circonstances, par la cruauté des autres, par la peur, l’incertitude et l’angoisse. Imagine un monde dans lequel tu peux te défendre, défendre ceux que tu aimes, triompher de chaque défi, faire régner la justice, diriger plutôt que subir.
Imagine…
J’ai imaginé. Imaginé une vie. Une vie, avec des personnages, des péripéties, des grandes choses, des alliés, des adversaires. Une vie dans laquelle la justice gagne toujours. Une vie dans laquelle je peux agir. Une vie qui ne m’écrase pas.
Complètement vrillé
Mais quand même, est-ce que c’est bien normal de faire ça ? Est-ce que c’est bien normal d’habiter dans l’imaginaire ? C’est décidé ! En arrivant au collège, j’arrête !
J’arrive au collège, et je suis incapable d’arrêter. Comment dormir sans me plonger dans l’imaginaire d’abord ? Comment occuper mes pensées ? J’ai beaucoup de mal à m’endormir, et laisser mon cerveau tourner revient à le laisser errer dans la colère et l’angoisse. C’est hors de question. Et pendant un trajet de plus de 30 min ? Et en attendant le car scolaire ? Et pendant les cours qui ne me passionnent pas ?
Comment font les autres ? Eux n’ont pas besoin de ça.
Je dois être folle. Tous les autres ont une vie saine et réelle, et je suis là, au milieu d’eux, avec ma douce folie. Mais au fond, ils savent bien que je ne suis pas comme eux.
Mais c’est décidé, au lycée, j’arrête ! Quand même, ça craint d’avoir une vie imaginaire au lycée.
Tu t’en doutes, les serres de l’imaginaire ne me lâchent pas plus au lycée qu’au collège. C’est même pire. Je me mets à utiliser la musique, les livres fantastiques, puis les séries pour me téléporter dans un monde qui me rassure et que je contrôle parfaitement.
Que je contrôle ? Vraiment ? Sauf que j’arrive pas à le quitter quand-même.
J’essaye d’arrêter cette habitude qui s’accroche à moi comme une addiction en entrant à la fac, en entrant dans la vie pro, en me mettant en couple. Chacun de ces échecs pèse un peu plus sur mon cœur. J’ai vraiment un problème. À ce niveau-là, c’est pas juste une tare, c’est mon cerveau qui est complètement vrillé.
Je suis folle, il va falloir faire avec.
Dès le lycée, une dimension sexuelle s’ajoute au reste. Discrètement, lentement, tranquillement, elle devient de moins en moins hétéro, et de plus en plus présente.
J’ai un problème avec le sexe en plus d’être folle – bon, à ce stade, je suis pas à ça près.
Je finis par renoncer à lutter. Je n’y arrive pas, et je n’ai plus l’énergie de me mettre la misère pour lutter. Et puis de toute façon c’est quoi le problème ? Je fais de mal à personne ! Avec les années, je considère même que toute minute de cerveau libre non occupé à l’imaginaire est une perte de temps, un gaspillage. Du temps donné à la rage et au stress. Je n’ai pas besoin d’eux !
Petite note en toute bienveillance : si tu me sors "si on veut, on peut", je te préviens, je te tabasse.
Précédemment…
En gros : je suis très amoureuse d’une femme depuis quelques mois, je veux idéalement me marier avec elle (ou une autre si elle est pas d’accord, mais une femme quand même). Parallèlement je me rapproche de Dieu et je me mets à aller dans une église (endroit hyper chelou tout plein de chrétiens).
Un jour je dis à Dieu que s’il est pas d’accord avec mon projet de me mettre avec une femme, il peut me le dire.
2 jours plus tard, bim, parole pour moi à l’église, Dieu me répond très directement. Suite à cette parole, je vais à la prière (pratique étrange des chrétiens : quand tu galères sur un truc, ils se mettent avec toi pour demander au Dieu de l’univers de t’aider à dé-galérer).
Et là, je rencontre Jésus.
Goodbye yesterday ("au revoir hier" – ça rend rien en français)
Après cette rencontre, je rentre chez moi sonnée. Je ne comprends pas ce qui vient d’arriver, mais je sais qu’on a un Dieu génial et qu’il m’aime fort.
J’entre dans le couloir de mon appart, et je reste là. Mon cerveau fait "blblbllbllblblblblblblbbl".
Au bout d’un moment, je regarde l’heure. Bon, ça fait une demi-heure que je suis là, debout dans mon couloir, sans bouger. "blblbllbllbl"
Je finis par me déplacer (grande décision), et je vais rapidement me coucher.
Me coucher. Oups. Alors je fais une prière qui ressemble à ça :
- Heu… Jésus ? Heu… Moi je veux bien ne pas me mettre avec une femme, ok. Mais… mon imaginaire est hyper gay (nope, pas dans le sens "heureux") quand même. Je fais quoi ? Je le transforme en imaginaire hétéro ou j’arrête ? Par contre… je veux pas y mettre de la mauvaise volonté, mais… je sais pas arrêter ce truc. J’ai déjà essayé tu sais. Plein de fois. Et je me suis ramassée à chaque fois.
Je réfléchis un peu, puis j’ajoute :
- Bon… Voilà ce que moi je suis capable de faire : je me couche sans aller dans l’imaginaire par habitude. Mais bon, je sais qu’à chaque fois que j’ai fait ça, j’ai tenu genre une heure, pas plus. Donc je fais le début, et pour le reste je sais pas, tu gères ?
Et je me couche. Sachant qu’il est impossible que je n’aille pas dans l’imaginaire.
Le lendemain, je me réveille, surprise. Je crois que je me suis endormie comme une masse. Je ne sais pas si ça m’est déjà arrivé. Bon, ça devait être la fatigue émotionnelle.
Et je dors comme un bébé presque toutes les nuits depuis. Je m’endors rapidement car j’ai été libérée de l’angoisse et d’un troupeau de trucs pas nets, et je n’ai plus besoin d’imaginaire pour occuper mon cerveau.
J’ai aussi eu besoin d’aller à Bordeau au printemps 2023 (je suis d’Annecy, ça fait donc 8 millions d’heures de route minimum). Genre, j’ai même pas pensé à l’imaginaire à l’aller ! C’est au retour que j’ai réalisé que j’en avais pas besoin, que ça me manquait pas !
Muahahah (rire victorieux) !
Du coup en habitant dans le réel (très bizarre au début), j’ai pu développer une vie sociale. Apprendre à aimer et être aimée. Je n’ai plus envie de Netflix, d’elfes, de dragons et de pokémons : je veux du vrai.
Je veux du vrai ! Je veux du réel !
Merci
Merci Jésus pour la vie : l’élan pétillant qui m’habite depuis cette soirée, la soif de découverte, de partage et de créativité.
Merci Jésus pour la vérité : tu me dis qui je suis et c’est beaucoup mieux que tout ce que j’avais pu construire. Tu me dis ce qui est bon et ce qui craint sa race. Je sais pas toujours faire la différence et c’est cool que tu sois là pour m’expliquer !
Merci Jésus pour le chemin : à chaque instant tu me fais grandir, tu me montres des nouvelles choses pour que je puisse m’épanouir dans la paix, et dire à tout le monde qu’on a un Dieu génial.
Natalia, impératrice du réel.
Pour un commentaire, une question ou pour s'abonner (recevoir un mail à chaque nouvel article), c'est par là.
Liste de tous les articles là.